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Le prix Nobel de la littérature 2022 : Annie Ernaux 

Alors qu’elle figurait déjà parmi les favoris sur le site de paris en ligne ,le 6 octobre 2022 l’écrivaine française Annie Ernaux s’est vu décerné le prix Nobel de la littérature pour “le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle”. Elle est le seizième écrivain Français, 8 ans après Patrick Modiano, la 17ème femme et la première française dont l’œuvre a été couronnée par ce prix . 

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Née en 1940, fille de parents d’abords ouvriers puis petits commerçants propriétaires d’un café-épicerie. Issue d’un milieu modeste, d’une classe dite “par euphémisme défavorisée”, Annie Ernaux passe son enfance et sa jeunesse dans le ville d’Yvetot, en Haute-Normandie. Elle fait ses études à Rouen puis à Bordeaux et devient en 1971 professeure agrégée en lettres modernes. L’écrivaine, engagée à l’extrême gauche, fait son entrée dans la littérature en 1974 ,avec Les Armoires vides , roman autobiographique, comme l’est d’ailleurs la quasi-totalité de son œuvre. L’auteure Des années a profondément marqué le genre autobiographique, en le revisitant mais aussi en lui donnant une dimension nouvelle, rejetant l’aspect poétique d’un souvenir qui, toutefois, reste trop sentimental, émotionnel et qui s'attache à redonner vie à une mémoire peut-être un peu trop nostalgique d’un passé triste et douloureux et qui n’est donc pas nécessairement fidèle à la réalité . Annie Ernaux, quant à elle, s’engage à dire le réel, à saisir la vérité la plus juste, la plus nette possible et à retracer les choses précisément telle qu’elles furent. C’est avec l’écriture de La place (Gallimard , prix Renaudot 1984 )qu’elle bascule dans une toute autre ambition littéraire, qu'elle adopte ce qu’elle nomme "l'écriture plate”, qui témoigne de sa méfiance à l’égard du style romanesque, qui s’engage d’une certaine manière(de façon peut-être inévitable) à enjoliver, à romancer une histoire ou une mémoire. Bien loin de la longue phrase proustienne abondamment ornementée,l’auteure des Passions simples fait plutôt le choix d’une phrase nette et sèche, quand s’est posé pour elle le problème de comment écrire sans trahir la mémoire de ce père avec qui se posait maintenant la distance qui les séparait, une distance de classes. 

Son œuvre est largement fondée sur un socle profondément sociologique, elle-même se qualifie souvent de "transfuge de classe".

 

Grâce à ses études et à son mariage, elle a réussi à grimper dans l'échelle sociale. Cette ascension dans la hiérarchie sociale se fait d'abord par la langue quand elle commence à apprendre à l’école le français de la classe dite “favorisée” ,la langue des "bourgeois", c’est là qu’elle sent alors une rupture avec sa langue, son milieu natal, mais aussi la honte d’en être issue. Son chef-d'œuvre, Les Années, est une profonde réflexion sur comment la mémoire personnelle s’imbrique dans la mémoire collective. La finesse et la justesse avec laquelle elle rend compte d’un passé fugitif, flou et lointain, justifie largement le choix de l’Académie suédoise de décerner le prix à cette “écrivaine de classes”. 

 

M. CHELLIGUI
 

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